Pax romana
Le long de l'ancienne
voie romaine reliant Dreux à Paris,dont le tracé sert encore
de frontière administrative entre les communes de Bois d'Arcy et
de Montigny le Bretonneux, il y avait un lien réputé dangereux;
était-ce parce qu'il était particulièrement marécageux,
(mais c'était le problème majeur de ce plateau), ou parce
que la route relativement rectiligne faisait ici un coude, qu'il ne fallait
pas manquer ?
C'est en tous cas cette éthymologie
(Trappes = piège, comme chausse-trappe) que retient Edouard Stephan,
mémoire vive de l'écomusée de Saint Quentin en Yvelines,
qui a fourni l'essentiel de ces informations.
Le lieu-dit "Mal conseil" rappelle
peut-être aussi qu'il valait mieux demander sa route plutôt
deux fois qu'une. La générosité publique avait dévolu
ce territoire aux lépreux d'une maladrerie, pour qu'ils s'y refassent
une santé sous la benoîte influence d'une chapelle dédiée
à St Quentin.
La légende "dorée"
rapporte que son corps fut retrouvé dans les vases de la Somme plusieurs
années plus tard, intact et fleurant bon l'odeur de sainteté.
On le fête le 31 octobre.
...Un prêtre s'étant
fait dérober un cheval, le voleur repris est condamné à
la pendaison; le prêtre, jugeant la peine trop lourde, et ne parvenant
pas à adoucir le juge, pria devant les reliques de St Quentin pour
qu'une intervention miraculeuse sauve le larron. La requête fut entendue,
la chaîne du pendu fut rompue et le larron fut libéré.
En 1661, Louis XIV
entame à Versailles de grands travaux.
En 1670 est construit un mur percé
de 23 portes entourant un domaine de 6614 hectares; vous pouvez aisément
retrouver les contours de ce domaine en réunissant sur une carte
au 1/25000 les points indiqués "Portes de Sebaque, du Cerf-volant,
Criton, de la Bretèche, de Trappes)
En 1678 l'étang est achevé
Pour alimenter le spectacle grandiose que constituent les grandes eaux de Versailles, voulu par Louis XIV, il fallut créer, il y a trois siècles, un chef-d'oeuvre hydraulique méconnu: la rivière royale.
Sous Louis XIII, une seule pompe puisait l'eau nécessaire au parc dans l'étang de Clagny, proche du château. Dès le début de son règne, Louis XIV ordonna l'exécution de travaux hydrauliques pour améliorer l'adduction des eaux, mais ce n'est qu'en 1664, au début de la surintendance de Jean-Baptiste Colbert, que les états de comptes font les premières mentions des sommes dépensées. En avril 1666, eut lieu l'inauguration des premiers effets d'eau des fontaines du parc.
Après la mort
de Colbert en 1653, le Marquis de Louvois reçut la charge de surintendant
des bâtiments, et décida de faire procéder à
des travaux de drainage sur les terres du plateau de Rambouillet. Cette
entreprise, commencée en 1684 sous la direction du Maréchal
de Vauban, commissaire général aux fortifications, donna
naissance au réseau hydraulique dit "des étangs supérieurs,
qui s'étire entre Rambouillet et Versailles, en passant notamment
par l'étang de Trappes, (aujourd'hui de St Quentin)".
Sur l'agriculture d'abord, puisqu'il
permit le drainage de 15000 hectares, faisant disparaître les fièvres
endémiques, et permettant le développement d'une agriculture
moderne, céréalière et betteravière, qui fera
de cette région, aux XVIIIième, XIXième et XXième
siècles, un secteur modèle du passage de l'agriculture traditionnelle
à l'agriculture industrielle.
D'autres activités se développèrent,
telles la pêche, ou l'exploitation du bois et des fruitiers plantés
le long des voies d'eau.
Les fermes
Jusqu'à la
réalisation du système de rigoles qui l'a drainé,
le plateau de Trappes , recouvert de limons imperméables, n'offrait
que des terres lourdes, souvent marécageuses, parsemées de
nombreuses mares (lieu-dit des "sept mares" à Elancourt par exemple),
comme l'atteste le nom même de Maurepas, désignant un mauvais
pâturage, ou parfois des affleurements de sable comme au lieu-dit
"le désert", près du Manet.
Néanmoins, au XVII ème
siècle, à Trappes et alentours sont établies quelques
fermes d'importance appartenant souvent à des ordres religieux:
- Ferme de la Villedieu à
l'ordre de Mtitlee
- Ferme de Villiers-le-Bâcle,
Ferme du Manet, à la confrérie des Dames de Port-Royal
- Ferme de Troux, Ferme Vangien,
Ferme du château (de Trappes) appartenant aux Dames de la Maison
Royale de Saint Louis à Saint Cyr (situées non loin de la
rive nord de l'étang de Bois Robert). Cette dernière ferme
est louée, de 1745 à 1772, à la famille Dailly, originaire
de Trappes, première des trois grandes dynasties de fermiers-laboureurs
qui régnèrent jusqu'aux années 1970 sur la vie économico-agricole
locale.
Sur ce domaine entourant
Versailles, le Roi chasse à courre et à tir, 4000 hectares
de terres cultivables sont louées à 36 familles paysannes,
qui eurent bientôt tendance à se considérer comme une
élite endogame.
Parmi ceux-ci nous rencontrons la
deuxième famille des seigneurs de la Terre, les Pluchet: avant la
révolution, Pluchet père est fermier à la ferme royale
de la Tremblaye à Bois d'Arcy, et les fils à la ferme royale
de Gally ou à celle de Troux.
A l'époque, le Roi se réserve
à lui seul l'exploitation des réserves cynégétiques.
Les paysans du domaine sont tenus de respecter le gibier, à savoir
laisser sur pied une partie des récoltes, ne pas faucher les prairies
en période de nidification, ne pas défricher les remises
à gibier (deux petits bois de la Base, l'un à l'ouest du
golf, l'autre dans la zone des pêcheurs au nord de l'étang
portentencore ces noms).
Lors de la vente des biens nationaux
en 1792, les Pluchet achètent la ferme du château, et rachètent
peu à peu les parcelles des communaux partagés entre les
262 familles de Trappes; ils portent la surface exploitée de 235
hectares en 1812 à 410 hectares en 1900.
Les Dailly ont quant à eux
acheté leur ferme des faubourg de Montfort en 1755 (les bâtiments
en charpente métallique, rue Monfort et rue Maurice Thorez à
Trappes, en sont l'ultime souvenir).
En 1900, les deux fermes Dailly totalisent
près de 300 hectares. Au début du XX ième siècle,
les familles Pluchet et Dailly emploient près d'un Trappiste sur
quatre en âge de travailler. Entre 1812 et 1919, trois Pluchet occuperont
, pendant 71 ans, le fauteuil de maire deTrappes.
La fabrique de Dailly
fut à l'origine une fabrique de fécule de pomme de terre.
La culture de la betterave s'étendant à partir de 1812, elle
fut transformée en distillerie, dont l'exutoire était les
"mares putrides", futur emplacement du bassin intermédiaire, lieu
de prédilection pour les linicoles.
Enfin, sous le règne de Cuypers,
elle devint aussi conserverie de petits pois; elle fut détruite
en 1974.
Dè les années 1814,
les Dailly se diversifient en prenant la charge de Maître de la Poste
aux Chevaux de Paris (le Relais de l'Etoile d'Or, à Trappes, en
témoigne encore). Ils feront fortune et seront à l'origine
du Crédit foncier de france, vers 1880.
On trouvera un Pluchet gouverneur
de la banque de France en 1920,. Leurs descendants seront sénateurs
de l'Eure et de la Seine et Marne.
En 1932, le domaine Pluchet passe
aux mains d'immigrants belges, les Cuypers. Très vite ce dernier
absorbe toutes les terres cultivables, plus de 650 hectares, les surfaces
diminuant au fur et à mesure que s'installent le triage et le dépôt
du chemin de fer.
Le rachat des terres, en 1972, par
l'Agence Foncière préparant l'installation de la Base de
Loisirs, marquera le terme du passé agricole de Trappes.
L'histoire aurait
pu prendre un autre tour si la deuxième guerre mondiale n'avait
tué dans l'oeuf un projet grandiose d'aéroport intercontinental,
juxtaposant une plate -forme terrestre et un plan d'eau pour les hydravions.
Elaboré en 1936, ce projet avait remporté l'adhésion
des décideurs, devant le site du Bourget sur lequel on se rabattit
après la guerre.
L'étang, d'une profondeur
de 6 mètres, aurait atteint le bord du plateau, vers les Clayes-sous-Bois
au nord, Plaisir-les-Gâtines à l'ouest, et il aurait été
alimenté par les eaux de la seine.
La ville nouvelle
Au début de
ce siècle, l'étang, rebaptisé "de Saint Quentin",
était déjà très fréquenté, en
tant que lieu de chasse, de pêche, de canotage et de villégiature.
La décision de le transformer
en base de loisirs intervient en 1965, au moment où l'on adopte
le projet de création de la ville nouvelle de Saint quentin en Yvelines,
à trente kilomètres au sud-ouest de Paris, sur un territoire
regroupant onze communes, soit la superficie de Paris intra muros, vaste
ensemble auquel il fallait impérativement donner figure humaine:
les constructions sont réparties en îlots résidentiels
disposés autour d'un noyau central, le tout aéré par
d'importants espaces verts. C'est dire le formidable attrait du plan d'eau:L'étang
lui-même, partagé entre les pêcheurs et les amateurs
de plaisirs nautiques (dériveur, planche à voile, canoe-kayak);