Saint-Quentin-en-Yvelines


source : http://www.aileconcept.com/bpalsqy/pages/historique.html

Pax romana

Le long de l'ancienne voie romaine reliant Dreux à Paris,dont le tracé sert encore de frontière administrative entre les communes de Bois d'Arcy et de Montigny le Bretonneux, il y avait un lien réputé dangereux; était-ce parce qu'il était particulièrement marécageux, (mais c'était le problème majeur de ce plateau), ou parce que la route relativement rectiligne faisait ici un coude, qu'il ne fallait pas manquer ?
C'est en tous cas cette éthymologie (Trappes = piège, comme chausse-trappe) que retient Edouard Stephan, mémoire vive de l'écomusée de Saint Quentin en Yvelines, qui a fourni l'essentiel de ces informations.
Le lieu-dit "Mal conseil" rappelle peut-être aussi qu'il valait mieux demander sa route plutôt deux fois qu'une. La générosité publique avait dévolu ce territoire aux lépreux d'une maladrerie, pour qu'ils s'y refassent une santé sous la benoîte influence d'une chapelle dédiée à St Quentin.

A la fin du 3ème siècle, ce jeune patricien romain, acquis aux idées réformatrices de l'époque, à savoir le christianisme, partit éprouver sa fougue évangélisatrice en Picardie. Il y trouva sa pierre de touche et, refusant de renier sa foi, finit supplicié à Amiens.


La légende "dorée" rapporte que son corps fut retrouvé dans les vases de la Somme plusieurs années plus tard, intact et fleurant bon l'odeur de sainteté. On le fête le 31 octobre.

A l'emplacement de l'étang ne se trouvait pas un lieu de pendaison, contrairement à ce que dit la légende populaire. Il s'agit d'un amalgame approximatif avec un épisode de la légende de St Quentin, "le miracle du larron pendu":


...Un prêtre s'étant fait dérober un cheval, le voleur repris est condamné à la pendaison; le prêtre, jugeant la peine trop lourde, et ne parvenant pas à adoucir le juge, pria devant les reliques de St Quentin pour qu'une intervention miraculeuse sauve le larron. La requête fut entendue, la chaîne du pendu fut rompue et le larron fut libéré.

Le Grand Parc

En 1661, Louis XIV entame à Versailles de grands travaux.
En 1670 est construit un mur percé de 23 portes entourant un domaine de 6614 hectares; vous pouvez aisément retrouver les contours de ce domaine en réunissant sur une carte au 1/25000 les points indiqués "Portes de Sebaque, du Cerf-volant, Criton, de la Bretèche, de Trappes)
En 1678 l'étang est achevé

Pour alimenter le spectacle grandiose que constituent les grandes eaux de Versailles, voulu par Louis XIV, il fallut créer, il y a trois siècles, un chef-d'oeuvre hydraulique méconnu: la rivière royale.

Sous Louis XIII, une seule pompe puisait l'eau nécessaire au parc dans l'étang de Clagny, proche du château. Dès le début de son règne, Louis XIV ordonna l'exécution de travaux hydrauliques pour améliorer l'adduction des eaux, mais ce n'est qu'en 1664, au début de la surintendance de Jean-Baptiste Colbert, que les états de comptes font les premières mentions des sommes dépensées. En avril 1666, eut lieu l'inauguration des premiers effets d'eau des fontaines du parc.

Après la mort de Colbert en 1653, le Marquis de Louvois reçut la charge de surintendant des bâtiments, et décida de faire procéder à des travaux de drainage sur les terres du plateau de Rambouillet. Cette entreprise, commencée en 1684 sous la direction du Maréchal de Vauban, commissaire général aux fortifications, donna naissance au réseau hydraulique dit "des étangs supérieurs, qui s'étire entre Rambouillet et Versailles, en passant notamment par l'étang de Trappes, (aujourd'hui de St Quentin)".
 

Le plateau de Trappes s'élevant en pente douce vers Rambouillet, les ingénieurs créèrent une chaîne d'étangs entre ceux du Mesnils-St-Denis, de Coignières et de Pourras (ou de St Hubert), pour amener les eaux pluviales vers l'étang de Trappes, dernier grand réservoir avant Versailles.
En 1685, on compléta ce système en y incluant l'étang de la Tour, alimenté par la rigole de St Benoît, et les aqueducs de Vieille Eglise et du Perray, qui rejoignaient le Grand Lit de rivière. Celui-ci formait ainsi une "rivière royale" longue de 34 km, qui recevait les eaux d'une dizaine d'étangs, et de 70 km de rigoles. Les retenues et les étangs artificiels avaient alors une contenance totale de quelques 8 millions de m3 d'eau et assuraient le stockage des eaux de ruissellement de 15000 hectares de terres
L'ensemble du réseau hydraulique du plateau de Trappes, conçu dans un but ludique, eut d'importantes répercussions sur l'économie locale:


Sur l'agriculture d'abord, puisqu'il permit le drainage de 15000 hectares, faisant disparaître les fièvres endémiques, et permettant le développement d'une agriculture moderne, céréalière et betteravière, qui fera de cette région, aux XVIIIième, XIXième et XXième siècles, un secteur modèle du passage de l'agriculture traditionnelle à l'agriculture industrielle.
D'autres activités se développèrent, telles la pêche, ou l'exploitation du bois et des fruitiers plantés le long des voies d'eau.

Les fermes

Jusqu'à la réalisation du système de rigoles qui l'a drainé, le plateau de Trappes , recouvert de limons imperméables, n'offrait que des terres lourdes, souvent marécageuses, parsemées de nombreuses mares (lieu-dit des "sept mares" à Elancourt par exemple), comme l'atteste le nom même de Maurepas, désignant un mauvais pâturage, ou parfois des affleurements de sable comme au lieu-dit "le désert", près du Manet.
Néanmoins, au XVII ème siècle, à Trappes et alentours sont établies quelques fermes d'importance appartenant souvent à des ordres religieux:
- Ferme de la Villedieu à l'ordre de Mtitlee
- Ferme de Villiers-le-Bâcle, Ferme du Manet, à la confrérie des Dames de Port-Royal
- Ferme de Troux, Ferme Vangien, Ferme du château (de Trappes) appartenant aux Dames de la Maison Royale de Saint Louis à Saint Cyr (situées non loin de la rive nord de l'étang de Bois Robert). Cette dernière ferme est louée, de 1745 à 1772, à la famille Dailly, originaire de Trappes, première des trois grandes dynasties de fermiers-laboureurs qui régnèrent jusqu'aux années 1970 sur la vie économico-agricole locale.

Les grandes familles

Sur ce domaine entourant Versailles, le Roi chasse à courre et à tir, 4000 hectares de terres cultivables sont louées à 36 familles paysannes, qui eurent bientôt tendance à se considérer comme une élite endogame.
Parmi ceux-ci nous rencontrons la deuxième famille des seigneurs de la Terre, les Pluchet: avant la révolution, Pluchet père est fermier à la ferme royale de la Tremblaye à Bois d'Arcy, et les fils à la ferme royale de Gally ou à celle de Troux.
A l'époque, le Roi se réserve à lui seul l'exploitation des réserves cynégétiques. Les paysans du domaine sont tenus de respecter le gibier, à savoir laisser sur pied une partie des récoltes, ne pas faucher les prairies en période de nidification, ne pas défricher les remises à gibier (deux petits bois de la Base, l'un à l'ouest du golf, l'autre dans la zone des pêcheurs au nord de l'étang portentencore ces noms).
Lors de la vente des biens nationaux en 1792, les Pluchet achètent la ferme du château, et rachètent peu à peu les parcelles des communaux partagés entre les 262 familles de Trappes; ils portent la surface exploitée de 235 hectares en 1812 à 410 hectares en 1900.
Les Dailly ont quant à eux acheté leur ferme des faubourg de Montfort en 1755 (les bâtiments en charpente métallique, rue Monfort et rue Maurice Thorez à Trappes, en sont l'ultime souvenir).
En 1900, les deux fermes Dailly totalisent près de 300 hectares. Au début du XX ième siècle, les familles Pluchet et Dailly emploient près d'un Trappiste sur quatre en âge de travailler. Entre 1812 et 1919, trois Pluchet occuperont , pendant 71 ans, le fauteuil de maire deTrappes.

La fabrique de Dailly fut à l'origine une fabrique de fécule de pomme de terre. La culture de la betterave s'étendant à partir de 1812, elle fut transformée en distillerie, dont l'exutoire était les "mares putrides", futur emplacement du bassin intermédiaire, lieu de prédilection pour les linicoles.
Enfin, sous le règne de Cuypers, elle devint aussi conserverie de petits pois; elle fut détruite en 1974.
Dè les années 1814, les Dailly se diversifient en prenant la charge de Maître de la Poste aux Chevaux de Paris (le Relais de l'Etoile d'Or, à Trappes, en témoigne encore). Ils feront fortune et seront à l'origine du Crédit foncier de france, vers 1880.
On trouvera un Pluchet gouverneur de la banque de France en 1920,. Leurs descendants seront sénateurs de l'Eure et de la Seine et Marne.
En 1932, le domaine Pluchet passe aux mains d'immigrants belges, les Cuypers. Très vite ce dernier absorbe toutes les terres cultivables, plus de 650 hectares, les surfaces diminuant au fur et à mesure que s'installent le triage et le dépôt du chemin de fer.
Le rachat des terres, en 1972, par l'Agence Foncière préparant l'installation de la Base de Loisirs, marquera le terme du passé agricole de Trappes.

L'histoire aurait pu prendre un autre tour si la deuxième guerre mondiale n'avait tué dans l'oeuf un projet grandiose d'aéroport intercontinental, juxtaposant une plate -forme terrestre et un plan d'eau pour les hydravions. Elaboré en 1936, ce projet avait remporté l'adhésion des décideurs, devant le site du Bourget sur lequel on se rabattit après la guerre.
L'étang, d'une profondeur de 6 mètres, aurait atteint le bord du plateau, vers les Clayes-sous-Bois au nord, Plaisir-les-Gâtines à l'ouest, et il aurait été alimenté par les eaux de la seine.

La ville nouvelle

Au début de ce siècle, l'étang, rebaptisé "de Saint Quentin", était déjà très fréquenté, en tant que lieu de chasse, de pêche, de canotage et de villégiature.
La décision de le transformer en base de loisirs intervient en 1965, au moment où l'on adopte le projet de création de la ville nouvelle de Saint quentin en Yvelines, à trente kilomètres au sud-ouest de Paris, sur un territoire regroupant onze communes, soit la superficie de Paris intra muros, vaste ensemble auquel il fallait impérativement donner figure humaine: les constructions sont réparties en îlots résidentiels disposés autour d'un noyau central, le tout aéré par d'importants espaces verts. C'est dire le formidable attrait du plan d'eau:L'étang lui-même, partagé entre les pêcheurs et les amateurs de plaisirs nautiques (dériveur, planche à voile, canoe-kayak);

la zone verte périphérique aménagée en parc promenade, doté d'équipements tels que: une piscine à vagues, un centre équestre, un golf 18 trous, un camping, un hébergement "en dur",et des restaurants.